Non au remboursement des pseudothérapies !
screen de la tribune publiée dans le journal L'Express du 05/05/2025
Tribune publiée dans l’Express du 05/05/2025
à retrouver intégralement ici


Non au remboursement des pseudothérapies !
L’appel de soignants pour une santé fondée sur les preuves.


TribuneA partir de 2026, les agents de l’Education nationale devront cotiser à une complémentaire couvrant les « médecines douces ». Une aberration au moment où l’Etat prétend lutter contre la désinformation en santé, dénonce un collectif de soignants et d’experts du système de soins.

Depuis 2016, la loi oblige tout employeur du secteur privé à proposer une complémentaire santé à ses salariés. Ainsi, 96 % de la population est aujourd’hui couverte pour ses frais de santé. Les frais inhérents à ces prestations complémentaires sont aussi assumés par chaque foyer, en plus des cotisations sociales et des taxes communes permettant de financer le régime général de l’Assurance maladie.

La loi prévoit la même obligation depuis 2020 pour l’Etat vis-à-vis de ses fonctionnaires, et l’Education nationale, le plus gros employeur public du pays, vient de signer un contrat avec la MGEN et CNP assurance. Ce contrat, conformément à l’arrêté ministériel qui met en application la loi et fixe les garanties, nous alerte, car il prévoit la prise en charge de pratiques de soins non conventionnelles (homéopathieostéopathie, acupuncture, naturopathie, chiropraxie, sophrologie…). Pratiques qui, selon le ministère de la Santé lui-même, n’ont le plus souvent « pas fait l’objet d’études scientifiques ou cliniques montrant leurs modalités d’action, leurs effets, leur efficacité, ainsi que leur non-dangerosité”.

Cette prise en charge renforcerait auprès du grand public le sentiment que ce sont des soins efficaces, alors qu’ils relèvent du choix individuel et non de la solidarité nationale. Cela dans un contexte où des thérapies éprouvées sont, elles, rarement pris en charge par les mutuelles : psychologie, sport sur ordonnance, diététique, entre autres.

Le Sénat, dans son rapport d’information publié en septembre 2024, propose, pour contrer la forte augmentation des tarifs des complémentaires de santé, de revenir sur la prise en charge des pratiques de soins non conventionnelles (la médecine dite « douce »). Selon le rapport sénatorial, le coût de ces pratiques a été multiplié par cinq ces huit dernières années, pour atteindre presque 1 milliard d’euros en 2023. Il est à noter que les frais des cures thermales viennent en sus de ce milliard de dépenses inefficaces.


Dérives thérapeutiques


Nous soutenons cette proposition. Il nous apparaît clairement qu’au-delà d’être inutiles, ces pratiques non éprouvées induisent les patients en erreur sur ce qu’est une véritable prise en charge efficace, alors qu’elles ne sont qu’un argument commercial n’apportant rien à la santé de toutes et de tous, aux dépens de soins véritablement bénéfiques. Elles exposent de plus à des risques de dérives thérapeutiques voire à un abandon des soins dans des cas où ils seraient nécessaires.

Le gouvernement indique vouloir faire des économies sur les dépenses sanitaires. Ne serait-il pas plus efficace, et aussi mieux compris du grand public, de le faire en valorisant des soins faisant l’objet d’un consensus scientifique quant à leur efficacité ? Et en écartant du champ du remboursement les pratiques non éprouvées susceptibles d’engendrer des retards de prise en charge et des dérives sanitaires ? Il convient de poser une limite aux dépenses de la « solidarité privée » dont le coût ne cesse d’augmenter bien au-delà de l’inflation, notamment pour les ménages les plus fragiles et les personnes âgées.

L’annonce d’axes de travail contre la désinformation en santé par le Ministère ne saurait faire bon ménage avec le financement de pratiques de soins non conventionnelles, sur lesquelles la Miviludes n’a cessé d’alerter. Les travaux de la Fondation Descartes montrent en effet que la sensibilité à ces pratiques et la sensibilité à l’ésotérisme sont liées entre elles, et composent un terreau favorable à la mésinformation en santé, mais aussi au complotisme.


Un choix individuel


Les mutuelles ne peuvent légitimer des pratiques de bien être au détriment du remboursement optimal des soins éprouvés. Les questions sanitaires sont l’affaire de toutes et de tous, les plus fragiles devant pouvoir compter sur la solidarité nationale dans l’intérêt de l’ensemble des Françaises et des Français.

Le Collectif No FakeMed appelle à la rigueur des autorités quant aux prises en charge par la collectivité et par les mutuelles des seules pratiques reposant sur les connaissances scientifiques, en économie de la santé comme en santé fondée sur les preuves. La prise en charge d’un panier de soins optionnel relevant du bien-être est possible, mais doit relever d’un CHOIX personnel, et donc d’une option, non d’une obligation.

Signataires

Institutions et associations :

Collectif No Fakemed ; Conseil national de l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes ; Conseil national de l’Ordre des Sages Femmes ; Conseil national de l’Ordre des pédicures-podologues ; Collectif « Vaccins France informations & discussions » ; Collectif Chanology France ; syndicat ReAGJIR.

Signataires à titre individuel :

Pr Agnès Buzyn, ancienne ministre, présidente du think tank Evidences ; Dr Pierre de Bremond d’Ars, médecin généraliste et président du Collectif No Fakemed ; Isabelle Derringer, présidente du Conseil de l’Ordre des Sages Femmes ; Pascale Mathieu, présidente du Conseil national de l’ordre des masseurs kinésithérapeutes ; Dr Eric May, médecin généraliste, directeur santé Malakoff, président de la Fédération Nationale de Formation des Centres de Santé ; Éric Prou, président de l’Ordre national des pédicures podologues ; Dr Sophie Augros, médecin généraliste ; Dr Mehdi Bahaji, anesthésiste-réanimateur ; Marie-Ange Barbier, diététicienne, membre du bureau du collectif No Fakemed ; Dr Damien Barraud, médecin hospitalier ; Karine Brezellec, trésorière adjointe du Conseil national de l’ordre des masseurs kinésithérapeutes ; Dr Lonni Besançon, enseignant-chercheur, Linköping University, Suède ; Dr Laurent Brindel, membre du bureau du collectif No Fakemed ; Gérald Bronner, professeur à la Sorbonne, membre de l’Académie nationale de médecine, membre de l’Académie des technologies ; Dr Matthieu Calafiore, Maître de conférences des universités, directeur du département de médecine générale de l’Université de Lille ; Dr Julie Chastang, médecin généraliste, maîtresse de conférence des universités (Sorbonne Université) ; Pr Laurence Compagnon, médecin généraliste ; Dominique Costagliola, membre de l’Académie des sciences, directrice de recherche émérite Inserm ; Laurent Cordonier, docteur en sciences sociales, Chercheur associé au GEMASS, Sorbonne Université – CNRS (UMR 8598) ; Dr Raphaël Dachicourt, président de Réagir ; Dr Jeremy Descoux, Cardiologue, Président fondateur du Collectif No Fakemed ; Arthur Dian, ancien ostéopathe, M2 en histoire et philosophie des sciences ; Jean-François Dumas, secrétaire général du Conseil national de l’ordre des masseurs kinésithérapeutes ; Pr Edzard Ernst, MD, PhD, FMEdSci, FRSB, FRCP, FRCP(Edin.) professeur émérite à l’Université d’Exeter ; Élisabeth Feytit, créatrice du podcast d’éducation à l’esprit critique Méta de Choc ; Dr Jean-Jacques Fraslin, médecin généraliste ; Roger-Philipe Gachet, Secrétaire Conseil national de l’ordre des masseurs kinésithérapeutes ; Dr Julien Gere, neurologue ; Pr André Grimaldi, diabétologue ; Florian Gouthière, journaliste scientifique ; Dr Nicolas Groëll, médecin généraliste ; Dr Jérome Grosjean, biologiste ; Kalou, créateur de contenu dédié à l’information et la prévention du phénomène sectaire ; Jean-Paul Krivine, rédacteur en chef de Science et pseudo-sciences, Association française pour l’information scientifique ; Pr Karine Lacombe, cheffe du service d’infectiologie de l’Hôpital Saint-Antoine (AP-HP) ; Dr Corentin Lacroix, Whydoc, médecin généraliste et vulgarisateur ; Marion Lagneau, trésorière du collectif No Fakemed ; Guillaume Limousin, ingénieur, docteur en sciences, professeur de mathématiques en collège ; Dr Christian Lehmann, médecin généraliste et écrivain ; Dr Stéphanie Marsan, médecin généraliste, membre du bureau du collectif No Fakemed ; Dr Elodie Lemarthe, secrétaire générale du collectif No Fakemed ; Dr François Maignen, docteur en pharmacie et statisticien ; Dr Hervé Maisonneuve, médecine de santé publique ; Gilles Marchiano, secrétaire adjoint du Conseil national de l’ordre des masseurs kinésithérapeutes ; Pr Matthieu Molimard, professeur de pharmacologie CHU de Bordeaux ; Dr François Morel, chirurgien, membre du bureau du collectif No Fakemed ; Dr Nathan Peiffer Smadja, infectiologue ; Grégoire Perra, enseignant et lanceur d’alerte sur les écoles Steiner-Waldorf et l’anthroposophie ; Sylvain Peterlongo, masseur-kinésithérapeute, membre du bureau du collectif No FakeMed ; Pr Nicolas Pinsault, vice-président du Conseil national de l’ordre des masseurs kinésithérapeutes ; Dr Franck Ramus, CNRS ; Mathieu Repiquet, étudiant en médecine et en santé publique ; Pierre Rigal, secrétaire adjoint du Conseil national de l’ordre des masseurs kinésithérapeutes ; Laurent Salsac, infirmier, membre du bureau du collectif No Fakemed ; Natalia Trouiller, lanceuse d’alerte sur les violences sexuelles dans l’Eglise catholique ; Stéphanie de Vanssay, enseignante, militante contre les dérives scolaires ; Brigitte Vincent, vice-présidente du Conseil national de l’ordre des masseurs kinésithérapeutes ; Dr Nicolas Winter, praticien hospitalier aux urgences pédiatriques Valenciennes et vulgarisateur sur les réseaux To be or not Toubib ; Dr Florian Zores, cardiologue.