MEDITATION

Collectif No Fakemed, 05/2019

La méditation pleine conscience est une pratique en vogue ces dernières années, mise en valeur par des personnalités médiatiques. Si elle peut être dévouée à une relaxation pratiquée individuellement, elle est parfois proposée par des soignants ou des structures hospitalières, dans une visée curative.

La méditation pleine conscience vise à focaliser son attention, de manière ciblée ou non, sur le moment présent. Cette pratique, originellement issue du bouddhisme, a été développée à la fin des années 70 par un professeur de médecine étatsunien, Jon Kabat-Zinn, dans un but initial de « réduction des stress » (mindfulness-based stress reduction ou MBSR). Par la suite, la méditation pleine conscience a été proposée pour la prise en charge des dépressions et de troubles cognitifs (mindfulness-based cognitiv therapy ou MBCT).

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Entre 2017 et 2020, le thème de la méditation a vu le nombre de saisines auprès de la Miviludes plus que doubler, pour passer de 40 à 95 (1).

De nombreuses études cliniques ont été mises en place pour évaluer l’efficacité de la méditation pleine conscience sur divers troubles et pathologies. Nous avons cherché à faire le point sur les méta-analyses à disposition.

Les données sur la prise en charge des addictions ne concernent que le tabac et le cannabis, avec une absence de preuve pour ce dernier (2). La méditation ne semble pas avoir d’effet sur l’arrêt du tabac, que ce soit pour l’abstinence comme pour la diminution (3). Une méta-analyse a retrouvé une efficacité sur l’arrêt à 3 mois, mais sans comparer aux traitements de référence (4).

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Dans le domaine de la psychiatrie, la méditation n’a pas fait preuve d’efficacité sur les syndromes anxieux et dépressifs des patients présentant des troubles bipolaires (5).

Elle semble en revanche réduire les symptômes négatifs de la schizophrénie, sans que ces derniers soient bien délimités (6). De faibles effets ont été constatés sur une plus grande conscience corporelle (7) ce qui pourrait éventuellement apporter quelque chose à la prise en charge de certaines pathologies psychiatriques. Une revue Cochrane a tenté d’évaluer l’efficacité de la méditation sur les troubles avec déficit de l’attention et hyperactivité (TDAH) sans pouvoir en tirer de conclusion (8).

La méditation a montré une certaine efficacité sur l’émotivité et les problèmes relationnels, avec une variabilité selon la technique utilisée (9).

L’efficacité de la méditation sur l’anxiété, le stress et les symptômes dépressifs sont très discutés avec des résultats disparates (10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18). Quand on considère la dépression et les états dépressifs plus sévères, on retrouve une efficacité à court terme, mais pas supérieure aux prises en charge habituelles, et sans preuves sur du plus long terme (11, 12, 14, 16, 17, 19, 20). Une revue Cochrane n’a pas réussi à montrer l’efficacité de la méditation sur les troubles de l’anxiété, ni sur les troubles obsessionnels compulsifs (21)

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La méditation pourrait être efficace dans la prise en charge des syndromes de stress post-traumatique, avec un niveau de preuve faible (22, 12).

Concernant le sommeil, on peut relever chez certains auteurs une amélioration de la qualité du sommeil, ainsi qu’un effet léger sur l’insomnie, présentant alors un intérêt en auxiliaire de traitements médicamenteux (23). Pour d’autres auteurs, il n’y a pas de conclusion possible concernant les effets sur la qualité du sommeil (24). La méditation ne semble pas avoir d’effet sur le délai d’endormissement (23).

La méditation a été évaluée concernant les pertes de poids et les rapports à l’alimentation. Il en ressort que la méditation est efficace chez des patients obèses, à court terme, mais de manière moindre si elle est pratiquée seule (25). Une méta-analyse semble retenir l’efficacité de la méditation sur l’alimentation compulsive mais avec une forte hétérogénéité dans les études sélectionnées (26).

La méditation apparait comme un complément efficace aux traitements habituels du syndrome du côlon irritable, surtout chez les enfants (27).

La méditation semble réduire l’intensité et la fréquence des céphalées, mais pas la durée (28). Nous noterons tout de même une limitation de cette méta-analyse qui amalgame céphalées et migraines, deux pathologies ou signes cliniques pourtant différents.

En ce qui concerne la douleur, la méditation ne semble pas efficace pour diminuer les douleurs chroniques (29), et avec une efficacité faible à modérée dans la diminution des douleurs de manière globale (30), équivalente aux prises en charge psychologiques (19).

Dans le même sens, la méditation ne présente pas d’efficacité pour diminuer les douleurs pendant les actes sexuels, mais présente un intérêt dans l’amélioration des troubles du désir féminin, mais aussi de la satisfaction et de la craint liées à l’acte. Si les études montrent des limites, la méditation semble encourageante pour la prise en charge des troubles de la sexualité de la femme (31). En revanche, une efficacité sur les troubles érectiles de l’homme n’est appuyée que par une simple étude randomisée (32).

Il apparait que la qualité de vie des patients asthmatiques est améliorée par la méditation, sans pour autant améliorer les capacités respiratoires des patients (33).

En effet, la méditation a été évaluée à plusieurs reprises sur des critères physiologiques. Il apparait de ces méta-analyses que la méditation aurait une action sur la production de cortisol (34), sur la modification de la matière grise (35), sur la réduction de la pression diastolique et, plus faiblement, sur la pression systolique (36), mais elle n’aurait aucune action sur la réponse immunitaire (34). Une revue Cochrane sur l’utilité de la méditation en prévention des maladies cardiovasculaires n’a permis aucune conclusion (37). Il en est de même pour les hémopathies malignes (38).

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D’un point de vue psychosocial, on note une amélioration chez les hommes atteints de cancer pratiquant la méditation, mais pas meilleure qu’avec les prises en charge habituelles (39).

La pratique de la méditation en milieu carcéral a montré une amélioration du bien-être des détenus (40).

Enfin, un environnement « naturel » ne semble rien apporter à la pratique de la méditation (41).

La méditation ne semble pas montrer d’effets sur la santé physique et sur les performances (42), excepté sur les capacités cognitives selon une méta-analyse se fondant sur des études de faible qualité (43).

Chez les personnes âgées, la méditation montre une certaine efficacité sur les symptômes dépressifs, mais avec plus d’efficacité avec l’accompagnement d’un professionnel (44).

De manière générale, beaucoup de méta-analyses de permettent pas de conclure sur de nombreux sujets. Ce qui est dommage pour cette étude portant que 300 praticiens de méditation, par conséquent maitrisant l’exercice (45). Dans la majorité des cas, il n’était pas évalué ou retrouvé de différences entre les différentes techniques de méditation : pleine conscience ou non, répétition de mantra, etc. Beaucoup d’auteurs ont partagé leur constatation d’un manque de compréhension du phénomène.

Enfin, plusieurs études ont rapporté une efficacité plus importante lorsque la méditation était accompagnée par un professionnel ce qui pose question sur le rôle de la maitrise de l’exercice ou bien celui de l’accompagnement personnel.

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La méditation est une pratique qui peut présenter un intérêt personnel dans un objectif de détente et de bien-être. Son utilité dans les pratiques de soins doit continuer à être évaluée, mais ne peut en aucun cas être proposée comme une thérapeutique, mais bien plus comme un outil.

La méditation ne reposant pas sur des formations et qualifications certifiées, celle-ci ne doit pas à l’heure actuelle être proposée dans les écoles (1) et quand elle s’inscrit dans un parcours de soins, elle doit se limiter à un accompagnement par un professionnel de santé.

Collectif No Fakemed

Références :

1 – Miviludes, Rapport d’activité et études 2018-2020, Miviludes 2021 : 134 pages.

2 – Gates PJ et coll « Psychosocial interventions for cannabis use disorder », Cochrane Database of Systematic Reviews 2016, Issue 5. Art. No.: CD005336

3 – Maglione MA et coll “Efficacy of mindfulness meditation for smoking cessation: a systematic review and meta-analysis”, Addictive Behaviors 2017 ; 69 : 27-34.

4 – Oikonomou MT et coll “Mindfulness training for smoking cessation: a meta-analysis of randomized-controlled trials”, Journal of Health Psychology 2017 ; 22(14):1841-1850.

5 – Chu CS et coll “The effectiveness of adjunct mindfulness-based intervention in treatment of bipolar disorder: a systematic review and meta-analysis”, Journal of Affective Disorders 2018 ; 225 : 234-245.

6 – Sabe M et coll “Meditation-based mind-body therapies for negative symptoms of schizophrenia: systematic review of randomized controlled trials and meta-analysis”, Schizophrenia Research 2019 ; 212 : 15-25.

7 – Treves IN et coll “The relationship between mindfulness and objective measures of body awareness: a meta-analysis”, Scientific Reports 2019 ; 17386 (9).

8 – Krisanaprakornkit T et coll “Meditation therapies for attention-deficit/hyperactivity disorder (ADHD)”, Cochrane Database of Systematic reviews 2010 ; 6 : CD006507.

9 – Sedlmeier P et coll “The psychological effetcs of meditation: a meta-analysis”, Psychological Bulletin 2012 ; 138(6) : 1139-1171.

10 – Khoury B et coll “Mindfulness-based therapy: a comprehensive meta-analysis”, Clinical Psychology Review 2013 ; 33(6) : 763-771.

11 – Strauss C et coll “Mindfulness-based inteventions for people diagnosed with current episode on an anxiety or depressive disorder: a meta-analysis of randomized controlled trials”, PLoS ONE 9(4): e96110.

12 – HiltonL et coll “Meditation for posttraumatic stress: systematic review and meta-analysis”, Psychological Trauma: Theory, research, Practice, and Policy 2017 ; 9(4) : 453-460.

13 – Khoury B et coll “Effectiveness of traditional meditation retreats: a systematic review and meta-analysis”, Journal of Psychosomatic research 2017 ; 92 : 16-25.

14 – Witt K et coll “Effectiveness of universal programmes for the prevention of suicidal ideation, behavior and mental ill health in medical students: a systematic review and meta-analysis”, Evidence-based Mental Health 2019 ; 22 : 84-90.

15 – Gonzalez-Valera G et coll « Use of meditation and cognitive behavioral therapies for the treatment of stress, depression and anxiety in students. A systematic review and meta-analysis”, International Journal of Environmental research and Public Health 2019 ; 16(22) : 4394.

16 – Lv J et coll “The effect of four immeasurables meditations on depressive symptoms: a systematic review and meta-analysis”, Clinical Psychology review 2020 ; 76 : 101814.

17 – Gal E et coll “the efficacy of mindfulness meditation apps in enhancing user’s well-being and mental health related outcomes: a meta-analysis of randomized controlled trials”, Journal of Affective Disorders 2021 ; 279 : 131-142.

18 – Liu X et coll “Mindfulness-based interventions for social anxiety disorder: a systematic review and meta-analysis”, Psychiatry research 2021 ; 300 : 113935.

19 – Goldberg SB et coll “Mindfulness-based intervention for psychiatric disorders: a systematic review and meta-analysis”, Clinical Psychology Review 2018 ; 59 : 52-60.

20 – Seshadri A et coll “Mindfulness-based cognitive therapy, acceptance and commitment therapy, and positive psychotherapy for major depression”, American Journal of Psychotherapy 2021 ; 74(1) : 4-12.

21 – Krisanaprakornkit T et coll “Meditation therapy for anxiety disorders”, Cochrane Database of Systematic Reviews 2006 ; 1 : CD004998.

22 – Heffner KL et coll “Meditation programs for veterans with posttraumatic stress disorder : aggregate findings from a multi-site evaluation”, Psychological trauma: Theory, research, Practice, and Policy 2016 ; 8(3) : 365-374.

23 – Gong H et coll “Mindfulness meditation for insomnia: a meta-analysis of randomized controlled trials”, Journal of Pychosomatic research 2016 ; 89 : 1-6.

24 – Rusch HL et coll “The effect of mindfulness meditation on sleep quality: a systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials”, Annals of the new York Academy of Sciences 2018 ; 1445(1) : 5-16.

25 – Carrière K et coll “Mindfulness-based interventions for weight loss: a systematic review and meta-analysis”, Obesity reviews 2017 ; 19(2) : 164-177.

26 – Godfrey KM et coll “Mindfulness-based interventions for binge eating: a systematic review and meta-analysis”, Journal of Behavioural Medicine 2015 ; 38 : 348-362.

27 – Shah K et coll “Mind-body treatments of irritable bowel syndrome symptoms: an updated meta-analysis”, Behavioural Research and Therapy 2020 ; 128 : 103462.

28 – Gu Q et coll “Mindfulness meditation for primary headache pain A meta-analysis”, Chinese Medical Journal 2018 ; 131(7) : 829-838.

29 – Hilton L et coll “Mindfulness meditation for chronic pain: systematic review and meta-analysis”, Annals of Behavioural Medicine 2017 ; 51(2) : 199-213.

30 – Goyal M et coll “Meditation programs for psychological stress and well-being: a systematic review and meta-analysis”, JAMA Internal Medicine 2014 ; 174(3) : 357-368.

31 – Jaderek I et Lew-Starowicz M “A systematic review on mindfulness meditation based interventions for sexual dysfunctions”, Original research and Reviews Interventions 2019 ; 16(10) : 1581-1596.

32 – Bossio J et coll “Mindfulness-based group therapy form men with situational erectile dysfunction: A mixed-methods feasibility analysis and pilot study”, Journal of Sexual Medicine 2018 ; 15 : 1478-1490.

33 – Paudyal P et coll “Meditation for asthma: systematic review and meta-analysis”, Journal of Asthma 2018 ; 55(7) : 771-778.

34 – Heckenberg RA et coll “Do workplace-based mindfulness meditation programs improve physiological indices of stress? A systematic review and meta-analysis”, Journal of Pychosomatic Research 2018 ; 14 : 62-71.

35 – Pernet CR et coll “Mindfulness related changes in grey matter: a systematic review and meta-analysis”, Brain Imaging and Behaviour 2021 ; 15 : 2720-2730.

36 – Conversano C et coll “Is mindfulness-based stress reduction effective for people with hypertension? A systematic review and meta-analysis of 30 years of evidence”, International Journal of Environmental Research and Public Health 2021 ; 18(6) : 2882.

37 – Hartley L et coll “Transcendental meditation  for the primary prevention of cardiobvascular disease”, Cochrane Database of Systematic Reviews 2017, 11 : CD010359.

38 – Salhofer I et coll “Meditation for adults with haematological malignancies”, Cochrane Database of Systematic Reviews 2016 ; 2 : CD011157.

39 – Ford CG et coll “Mindfulness and meditative movement interventions for men living with cancer: a meta-analysis”, Annals of Behavioural Medicine 2020 ; 54(5) : 360-373.

40 – Auty KM et coll “A systematic review and meta-analysis of yoga and mindfulness meditation in prison: effects on psychological well-being and behavioural functioning”, International Journal of Offender Therapy and Comparative Criminology 2017 ; 61(6) : 689-710.

41 – Djernis D et coll “A systematic review and meta-anlysis of nature based mindfulness: effects of moving mindfulness training into an outdoor natural setting”, International Journal of Environmental Research and Public Health 2019 ; 16(17) : 3202.

42 – Spinelli C et coll “Mindfulness training for healthcare professionals and trainees: a meta-analysis of randomized controlled trials”, Journal of Psychosomatic Research 2019 ; 120 : 29-38.

43 – Gil LN et coll “Mindfulness induction and cognition : a systematic review and meta-analysis”, Consciousness and Cognition 2020 ; 84 : 102991.

44 – Reangsing C et coll “Effects of mindfulness meditation interventions on depression in older adults: a meta-analysis”, Aging and Mental Health 2021 ; 25(7) : 1181-1190.

45 – Fox KCR et coll “Is meditation associated with altered brain structure? A systematic review and meta-analysis of morphometric neuroimaging in meditation practitioners”, Neuroscience and Biobehavioral Reviews 2014 ; 43 : 48-73.