EMDR

Collectif No Fakemed, 11/2018

L’Eye Movement Desensitization and Reprocessing (EMDR), ou integration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires en français, a été inventé à la fin des années 1980 par Francine Shapiro, psychologue au Mental Research Institute de Palo Alto, essentiellement pour prendre en charge les syndromes de stress post-traumatique (SSPT) des vétérans du Vietnam.

L’EMDR se fonde sur le déblocage des mécanismes naturels de traitement de l’information afin de pouvoir traiter des traumatismes (1). C’est un modèle de traitement accéléré de l’information, utilisant des mouvements oculaires rapides, ou tout autre détournement du processus attentionnel (2).

L’EMDR demande des séances préalables à sa réalisation afin de définir si ce traitement est le plus adapté, d’aider le participant à raconter le ou les événements traumatisants et à en revivre les sensations. Cela permet de définir l’intensité du stress causé, et d’adapter un plan de traitement. La désensibilisation consiste ensuite à fixer mentalement les éléments traumatisants ou anxiogènes tout en suivant simultanément avec les yeux les doigts du thérapeute ou un point lumineux passant alternativement de gauche à droite. Le participant est alors encouragé à développer des associations mentales, avant de chercher à associer une idée positive, jusqu’à diminution satisfaisante de l’angoisse. L’étape de désensibilisation est réalisée ensuite sur plusieurs séances.



L’EMDR est enseigné en France dans des instituts privés ou lors de DU à l’Université de Lorraine.

Lors d’études relevées par son inventrice, avec un suivi sur 5 ans, 85 % des patients souffrant de SSPT peuvent être traités en 3 séances de 90 minutes (3).

Selon des synthèses Cochrane, l’EMDR est efficace dans la prise en charge du SSPT chez l’adulte -(4), mais n’autorisent pas de conclusion chez l’enfant et l’adolescent (5).

Une synthèse de l’INSERM datant de 2015 aboutit aux mêmes conclusions, étant donné qu’elle se fonde sur les deux synthèses Cochrane déjà citées (6).

Selon l’OMS, lors d’une synthèse publiée en 2013, l’EMDR peut être recommandée dans la prise en charge du SSPT chez les adultes (niveau de preuve acceptable) et chez les enfants et les adolescents (niveau de preuve faible) (7).

Il n’existe pas à ce jour de preuves de l’efficacité de l’EMDR sur d’autres pathologies que le SSPT, hormis quand ces pathologies sont associées au SSPT.

Selon l’HAS, l’EMDR est contre-indiquée chez les patients présentant une pathologie psychotique (8).

Collectif No FakeMed

Références :

1 –  Plaquette EMDR France, Janvier 2011, 2 pages.

2 –  Masson J. « L’outil EMDR en alcoologie : réflexions théoriques et cliniques », Psychothérapies 2005 ; 2(25) : 117-123.

3 – Shapiro F. « EMDR as an integrative psychotherapy approach. Experts of diverses orientations explore the paradigm prism », American Psychological Association 2002, Washington.

4 –  Sin J. et coll. « Psychological interventions for post-traumatic stress disorder (PTSD) in people with severe mental illness”, Cochrane Database of Systematic Reviews 2017 ; 1 : CD011464.

5 – Gillies D. « Psychological therapies for children and adolescents exposed to trauma », Cochrane Database of Systematic Reviews 2016 ; 10 : CD012371.

6 – Gueguen J. « Evaluation de l’efficacité de la pratique de l’hypnose », Inserm 2015 : 213 pages.

7 – World Health Organization « Guidelines for the management of conditions specifically related to stress », WHO 2013, Genève.

8 – HAS « Affections psychiatriques de longue durée. Troubles anxieux graves. », HAS 2007 : 36 pages.