NATUROPATHIE
Collectif No Fakemed, 01/2019
Cette pratique de soin non conventionnelle prétend être ancienne, s’inspirant de principes enseignés dans les écoles Hippocratiques : ne pas nuire, la nature guérit, identifier et traiter la cause, détoxifier et purifier l’organisme, apprendre de la naturopathie (2). L’OMS définit quant à elle la naturopathie comme la pratique générale des thérapies naturelles de soins, regroupant ainsi (liste non exhaustive) acupuncture, homéopathie, « médecine botanique », hydrothérapie, « manipulations osseuses naturopathiques », nutrition et conseils d’hygiène de vie, physiothérapie (3).
En France, en 2016, le nombre de naturopathes est estimé à 2 000, malgré une absence de reconnaissance de la profession. Elle est enseignée en France par différentes écoles privées sur des périodes de 2 à 3 ans en général (mais parfois à distance, sur moins de 250 heures (4)).
La consultation de naturopathie se déroule sur 60 minutes, parfois plus, et consiste en un questionnaire, suivi d’un bilan vital (ayant pour objectif de déterminer « l’énergie vitale » de l’usager à l’aide de « méthodes réflexogènes », d’un interrogatoire, voire d’un examen physique), puis d’un programme d’hygiène vital (c’est-à-dire des conseils naturopathiques, accompagnées parfois de compléments nutritionnels) (5) . La séance coûte entre 60 et 90 euros en général.
Le bilan naturopathique s’appuie sur l’iridologie, la psychophysiologie, la morphologie, la biologie nutritionnelle. La naturopathie comprend des disciplines diverses comme la phytologie, l’aromathérapie, l’hydrologie, la chromatothérapie, la réflexologie, mais aussi la chirologie ou manipulation naturopathe (6). La manipulation naturopathe est considéré comme l’art de positionner les mains pour soigner les troubles musculaires, osseux, ainsi que les tissus mous de l’organisme (7). La médecine botanique n’a pas de définition précise, mais semble concerner comme son nom l’indique la relation entre médecine et plantes.
Concernant ses principes fondateurs, certains retrouvent ceux de la médecine conventionnelle, comme celui de ne pas nuire, et de guérir en éliminant la cause. En revanche détoxifier et purifier l’organisme n’a pas vraiment de sens. On effet, on parle en médecine de détoxification lorsqu’un patient est empoisonné et qu’on lui injecte alors un chélateur qui va aider à l’élimination du toxique. On utilise aussi le terme désintoxication pour parler de sevrage vis-à-vis d’une substance addictive.
Le corps humain est très bien équipé pour éliminer ses déchets (grâce au foie, aux reins, à la peau, aux poumons)(a). De même, boire beaucoup d’eau, un exercice physique régulier, du repos, une alimentation raisonnable et équilibrée sont des pratiques permettant un retour à la normale de l’organisme après toute période de surconsommation.8
Quant à son efficacité, nous vous renvoyons vers les différentes fiches du FakeDex consacrées à chacune des disciplines composant la naturopathie. Il n’est pas à ce jour possible de s’exprimer sur l’efficacité de la naturopathie, étant donné la diversité des pratiques qu’elle comprend. En revanche, chacune des disciplines peut être évaluée individuellement.
Si les conseils concernant les règles simples d’un mode de vie sain (bon régime alimentaire, pratique d’un exercice physique régulier, sommeil performant, etc.) ont fait leur preuve pour améliorer la santé, on peut en revanche légitimement se méfier du risque de détournement de la médecine conventionnelle en cas de maladie grave, ainsi que d’un éventuel retard de prise en charge (8).
La MIVILUDES prévient des risques de dérives sectaires des thérapeutiques travaillant sur l’alimentation, et notamment de stages de jeûnes organisés par des organisateurs faisant état d’un titre de naturopathes (9).
Collectif No FakeMed
a- Pour aller plus loin sur la « détox », une vidéo réalisée par l’Inserm est disponible sur https://youtu.be/SyUGNauCsh4
1 – Baer, H. A. (2001). The Sociopolitical Status of U.S. Naturopathy at the Dawn of the 21st Century. Medical Anthropology Quarterly, 15(3), 329–346.
2 – OMNES, « Les origines » de la naturopathie in www.naturopathe.net/les-origines-de-la-naturopathie
3 – World Health Organisation « Benchmarks for training in naturopathy” 2010, 20 pages.
4 – https://www.koreva-formation.com/naturopathie-formation-16.html
5 – OMNES, « La consultation » in https://www.naturopathe.net/la-consultation-naturopathique
6 – OMNES, « La pratique » in https://www.naturopathe.net/la-pratique-de-naturopathie
7 – ACTMD « Pour quoi la naturopathie est-elle généralement utilisée » in https://www.actmd.org/articles/200507naturopathief.htm
8 – Singh S. et Ernst E. « Médecines douces : info ou intox ? », Cassini 2014, 389 pages.
9 – MIVILUDES « Quelles sont les situations à risque » in https://www.derives-sectes.gouv.fr/quest-ce-quune-dérive-sectaire/où-la-déceler/les-dérives-sectaires-dans-le-domaine-de-la-santé/que-0