MICROKINESITHERAPIE

Collectif No Fakemed, 05/2019

La microkinésithérapie est une technique de soins manuels inventée dans les années 1980 par deux kinésithérapeutes français, Patrice Benini et Daniel Grosjean. Microkinésithérapie est une marque déposée par ces derniers (1). La microkinésithérapie se fonde sur des manipulations manuelles légères (« micropalpations ») censées stimuler des « mécanismes d’autocorrection » afin de guérir des tissus marqués par des agressions, qu’elles soient « physique, virales ou émotionnelles » (2).


Cette invention est décrite comme s’inspirant des rebouteux, du shiatsu, de l’ostéopathie, de l’homéopathie, entre autres (3).
Une séance de microkinésithérapie dure entre 30 et 45 minutes pour un coût autour de 50€. Un symptôme est censé être soigné entre une et trois séances (4).  En France en mai 2019, nous pouvons comptabilisons autour de 400 praticiens de microkinésithérapie (5). La formation en microkinésithérapie est dispensée par le Centre de formation à la microkinésithérapie, sur 45 heures de cours et un jour de stage, réservée aux masseurs-kinésithérapeutes, pour un peu moins de 2 000 €  (6).

Concernant ses principes théoriques, ils paraissent à ce jour irrationnels car non-fondés sur des preuves, comprenant dans le corpus de la discipline de nombreux « interstices pseudo-scientifiques » (7) .
S’il est à noter que les acteurs de la microkinésithérapie ont, dès son invention, cherché à étudier son efficacité et à publier à ce sujet, peu de résultat semblent fiables. Ainsi, une étude sur l’usage de la microkinésithérapie dans le traitement du côlon irritable, réalisée en double aveugle, semble montrer une certaine efficacité, mais avec un nombre relativement faible de participants (8) . Une autre étude sur l’impact de la microkinésithérapie dans la prise en charge des cervicalgies post-traumatique, réalisée en double aveugle, montre une certaine efficacité dans la diminution des douleurs et l’amélioration des capacités de flexion-extension (9) . Dans cet exemple, l’échantillon est relativement faible, et les conditions de réalisation des actes dans le groupe placebo posent question (difficultés à comparer « micropalpation » et faire semblant , du fait de l’inconsistance de cet acte).

Par conséquent, et sur la base do code de déontologie de la profession (10), le Conseil national de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes ne reconnait pas cette pratique, qui n’a de surcroit aucune reconnaissance légale. Le CNOMK a décidé de se montrer réservé par rapport à cette pratique de soin non conventionnelle faisant appel à des éléments physiopathologiques non démontrés (11).

En conclusion, s’il faut reconnaître à ces acteurs d’avoir fait les efforts nécessaires pour étudier l’efficacité de sa pratique, la microkinésithérapie se doit d’obtenir plus de résultats sur des études reproductibles et fiables.

Collectif No FakeMed


1 –   Recherche effectuée sur la base de données de l’Institut national de la propriété industrielle,
www.bases-marques.inpi.fr le 11 mai 2019.

2 –   ESEM France « La micro-kinésithérapie, une discipline montante », consulté sur www.esemfrance.fr le 13 mai 2019.

3 –  « Microkinésithérapie, Bases scientifiques », consulté sur www.microkinesitherpaie.fr le 13 mai 2019.

4 –  « Microkinésithérapie, Questions fréquentes », consulté sur www.microkinesitherapie.fr le 13 mai 2019.

5 – Décomptés sur l’annuaire des praticiens de microkinésithérapie, consulté sur www.microkinesitherapie.fr le 13 mai 2019.

6 –  « Microkinésithérapie, Formations », consulté sur le site www.microkinesitherapie.fr le 13 mai 2019.

 7 – Rival T « Une méthodologie d’approche des pratiques non conventionnelles : application par l’analyse critique de la microkinésithérapie », Rappor de recherche en vue de l’obtention du diplôme d’état de masseur-kinésithérapeute 2012, Grenoble : 114 pages.

8 –  Grosjean D et coll. « Managing irritable bowel syndrome : the impact of microphysiotherapy », J Complent Integr Med 2017 ; 14 (2). Grosjean, D., Benini, P., & Carayon, P. (2017). Managing irritable bowel syndrome: The impact of micro-physiotherapy. Journal of Complementary and Integrative Medicine, 14(2). doi:10.1515/jcim-2015-0044.

 9 – Baconnier P et coll. « Evaluation of the clinical effectiveness of microkinesitherapy in post-traumatic cervicalgia. A randomized, double-blinded clinical trial », MTP& Rehab Journal 2016 ; 14 : 385.

10 –  Article R 4321-87 du Code de déontologie des masseurs-kinésithérapeutes.

11 –  Avis du Conseil national de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes du 20 et 21 mars 2013 relatif à la « microkinésithérapie ».