CHIROPRAXIE
Collectif No Fakemed, 01/2020
Les fondateurs de la théorie chiropratique soutenaient qu’une mauvaise santé est due à des subluxations, c’est-à-dire un mauvais alignement des vertèbres, interférant avec le flux de ce qu’ils appellent l’intelligence innée. Il n’existe aujourd’hui aucune preuve d’un tel flux, ni d’un quelconque rôle vis-à-vis de la santé (2).
Les chiropracteurs sont en France estimés entre 450 et 700, formés sur un cycle d’études de 5 ans. En 2011, les chiropracteurs obtiennent l’autorisation de pratiquer des manipulations vertébrales sans avis médical (3).
Dans une prise en charge par un chiropracteur, après interrogatoire et recherche des antécédents médicaux, un examen complet du dos va être réalisé, complété par une observation de la posture et de la mobilité du patient, ainsi qu’une palpation des vertèbres.
Il n’existe à ce jour qu’un nombre limité d’études sur l’efficacité de la chiropratique. Pour les lombalgies, il n’existe aucune preuve de l’efficacité supérieure des interventions chiropratiques sur d’autres techniques concernant la diminution de la douleur ou de l’invalidité. (4).
Pour les lombalgies aiguës, la manipulation vertébral ne montre pas une efficacité supérieur à celle d’une manipulation placebo (5).
Dans les lombalgies sub-aiguës et les cervicalgies, l’efficacité de la chiropraxie n’apparaît pas supérieure à celle des autres traitement (6).
Si pour les douleurs cervicales, il semble y avoir une certaine efficacité des manipulations et mobilisations vertébrales. Il n’existe pas de preuves d’efficacité sur les autres indications (7).
Il est cependant déconseillé de consulter un chiropracteur fondamentaliste, c’est-à-dire croyant aux théories des subluxations et de l’intelligence innée et en la capacité des manipulations vertébrales à guérir l’ensemble des maladies. En effet, un chiropracteur fondamentaliste pourra proposer des traitements pour des affections respiratoires ou digestives, des problèmes gynécologiques ou gravidiques, des pathologies infectieuses ou parasitaires, des atteintes dermatologiques ou autres. Or, il n’existe pas de preuves d’efficacité de la chiropratique dans ces pathologies ou affections.
La chiropratique a beaucoup évolué et cherche à étudier et mettre en valeur son efficacité. Des démarches comme CADRE (Cervical assessment and diagnosis research evolution) a cherché à mettre en place des tests cliniques dans ce sens (8)(9) . De même, nous considérons louable la participation au Global Spine Care Initiative qui cherche à étudier les modèles de prévention et de soins pouvant être mis en place dans la prise en charge des troubles de la colonne vertébrale. Cette initiative a mis en évidence l’efficacité des analgésiques et des orthèses dans la gestion de la douleur de la colonne vertébrale, accompagnée de mobilisation précoce, et surtout rappelé l’importance de l’exercice physique pour améliorer fonctionnalité et qualité de vie (10).
Concernant les effets indésirables, dans 30 % à 60 % des cas, il est constaté une aggravation des douleurs et des maux de tête. Il est aussi rapporté des complications graves, avec parfois un pronostic vital engagé, principalement dans le cas de manipulations cervicales, sous la forme d’accidents vasculaires vertébrobasilaires (11) . Les complications lors des manipulations des vertèbres cervicales sont rares, mais graves (6).
Les actes de chiropraxie sont parfois pris en charge par certaines complémentaires santé.
Collectif No FakeMed
Références :
1 – Lemeunier N et coll., Fiche mémo en chiropraxie, 2017.
2 – Singh S. et Ernst E., Médecines douces Info ou intox ?, Cassini 2014.
3 – Décret n°2011-32 du 7 janvier, consultable sur legifrance.gouv.fr
4 – Xalker BF et coll. « Combined chriroptatic interventions for low-back pain » Cochrane database of systematic reviews 2010,4 : CD005427.
5 – Rubinsteine SM et coll. « Spinal manipulative therapy for acute low-back pain » Cochrane database of systematic reviews 2012,9 : CD008880.
6 – Barry C et coll. « Evaluation de l’efficacité de la pratique de la chiropratique » Inserm 2011 : 193 pages
7 – Centre fédéral d’expertise des soins de santé, Etat des lieux de l’ostéopathie et de la chiropraxie en Belgique 2010, Synthèse de rapport, 34 pages.
8 – Lemeunier N et coll. « Reliability and validity of clinical tests to assess the anatomical integrity of the cervical spine in adults with nek pain and its associated disorders : Part 1 – A systematic review from the Cervical Assessment and Diagnosis Research Evaluation (CADRE) Collaboration » Eur Spine J 2017 ; 26 (9) : 2225-2241.
9 – Moser N et coll. « Validity and reliability of clinical prediction rules used to screen for cervical spine injury in alert low-risk patients with blunt trauma to the neck : part 2 – A systematic review from the cervical Assessment and Diagnosis Research Evaluation (CADRE) Collaboration » Eur Spine J 2018 ; 27 (6) : 1219-1233
10 – Ameis A et coll. « The Global Spine Care Initiative: a review of reviews and recommendations for the non-invasive management of acute osteoporotic vertebral compression fracture pain in low- and middle-income communities » Eur Spine J 2018 ; 27 (6) : 861-869.
11 – Rédaction Prescrire, Ostéopathes et chiropracteurs : des pratiques manuelles réglementées, Rev Prescrire 2012 ; 32 (347) : 702-704.