AURICULOTHERAPIE

Collectif No Fakemed, 11/2018

L’auriculothérapie est une pratique de soin non-conventionnelle, inventée dans les années 1950 par le docteur Paul Nogier, médecin lyonnais, qui fait une analogie entre la forme de l’oreille externe et celle d’un fœtus inversé. Partant de cette ressemblance, il établit un lien entre l’oreille externe et la position de l’ensemble des organes dans le corps. Formé en acupuncture, Paul Nogier observe un parallèle entre les points chinois et une conductibilité électrique assez importante (1) . Pourtant, il décrit l’auriculothérapie en dehors de la théorie des méridiens (cf fiche FakeDex Acupuncture) mais en correspondance avec le schéma de l’organisme. Il écrit de nombreux ouvrages traitant d’auriculothérapie dans les années 1970 et 1980, mais seulement 5 articles dans des revues scientifiques, dont un seul traite d’auriculothérapie.

L’auriculothérapie, malgré un modèle théorique scientifiquement invalide (2) , est enseignée en France dans plusieurs universités lors de DIU d’auriculothérapie, ou bien lors de DIU d’acupuncture. Elle porte alors le nom d’auriculothérapie scientifique ou médicale. Elle peut aussi être pratiquée en dehors d’une formation médicale.

Une consultation d’auriculothérapie se déroule, après interrogatoire et examen clinique, avec une inspection visuelle et une palpation de l’oreille externe, puis une détection de la résistance de l’oreille. L’oreille est ensuite stimulée par des aiguilles d’acupuncture, des billes de pression, électrostimulation, stimulation fréquentielle, par massage auriculaire, des clous en titane implantés. L’auriculothérapie est préconisée pour traiter un grand nombre de pathologies, de phobies ou d’addictions.

Dès 1984, l’absence d’efficacité de l’auriculothérapie dans la prise en charge des douleurs chroniques a été démontrée (3) . En 1990, l’OMS s’est emparée du sujet afin de définir une nomenclature de l’auriculothérapie, dans le but d’étudier son efficacité . Une seule synthèse Cochrane, datant de 2006, traite de l’auriculothérapie :

Elle aboutit à démonter qu’il n’existe aucune preuve d’efficacité (4) dans la prise en charge de la dépendance à la cocaïne, quelle que soit la technique utilisée (5) . En 2013, à la suite d’une demande du ministère de la Santé, l’Inserm a cherché à évaluer l’efficacité de l’auriculothérapie . Il y apparait une absence d’efficacité de l’auriculothérapie dans le traitement des addictions, une efficacité dans l’anxiété préopératoire. Cette étude de l’Inserm n’a malheureusement retrouvé aucune donnée sur la supériorité de l’auriculothérapie (6) sur d’autres thérapeutiques s’appuyant sur des bases théoriques fiables. Les effets indésirables (malaise vagal, chondrite, hémorragies) sont courants, mais bénins. Il a été décrit des approches ésotériques et des dérives sectaires.

Collectif No FakeMed

Références :

 1 – Halimi D., « L’auriculothérapie médicale : bases scientifiques, principes et stratégies thérapeutiques », 2017, Elsevier Health Sciences, Paris.

 2 – Bertaud M., « Vrai et faux placebo », Science et pseudo-sciences 2004, 264.

 3 – Melzack R; et Katz J., « Auriculotherapy fails to relieve chronic pain, a controlled crossover study », JAMA 1984 ; 251 : 1041-1043.

  4 – WHO, « Report of the working group on auricular acupuncture nomenclature », 1991, Lyon : 25 pages.

  5 – Gates S. et coll., « Auricular acupuncture for cocaine dependence », Cochrane Database of Systematic Reviews 2006, 1(CD005192).

  6 – Gueguen et coll., « Evaluation de l’efficacité de la pratique de l’auriculothérapie », Inserm 2013 : 224 pages.